Thomas Chable, Camion, route Agadez/Dirkou. Niger, 2004
Photographie argentique panoramique constitué de 5 photographies 5 x 45x45 cm 2004 (installée en face de la cafétéria des parlementaire au 3ème étage de l'Hôtel de Ligne)
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Thomas Chable low def
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Thomas Chable
Bruxelles, 1962
Vit et travaille à Poulseur

Camion, route Agadez / Dirkou fait partie d’une série d’images intitulée Brûleur et réalisée de 2001 à 2005, entre le Sahara, le Moyen-Atlas, Tanger, Ceuta, Tarifa et la Belgique.

On y voit les passagers d’un camion en route vers la Libye qui, à l’époque, offre encore une voie d’accès vers les côtes septentrionales du continent africain.

Ils voyagent entre Agadez - point de départ de la traversée du désert - et Dirkou d’où ils passeront la frontière. Ces hommes pourront trouver en Libye un peu de travail et faire des économies pour financer la traversée vers l’Europe.

« L’histoire a commencé au début des années 2000, à Arlon où j’enseignais, explique Thomas Chable. J’y ai rencontré des migrants. Ils me racontaient leur histoire. Ils venaient du Ghana, du Zaïre, du Niger. J’ai décidé de remonter le fil en plusieurs voyages. Je suis parti sur leurs traces. Je me suis surtout intéressé aux étapes avant les grandes traversées, celles du Sahara ou du détroit de Gibraltar. Il peut y avoir des temps d’attente pendant plusieurs années. J’ai notamment séjourné à Agadez et à Ceuta. J’y ai fréquenté ceux qu’on appelle ‘brûleurs’ parce qu’ils détruisent leurs documents d’identité par le feu pour devenir des ‘sans papiers’. Je vivais parmi eux. Sur cette image prise sur la route vers Dirkou, ils  voyageaient encore en toute légalité. »

L’amplitude panoramique de l’angle de champ est donnée par la juxtaposition de cinq photographies de format carré. Elles sont prises depuis le véhicule qui transporte les migrants. Les raccords entre les prises de vue se font surtout sur la ligne d’horizon et pas sur l’ensemble de leurs composants.

« Cela me permet, relève Thomas Chable, de structurer la pièce de façon très libre. Un peu comme pour ces voyageurs qui ‘font la route’ : rien n’est assuré. Les caractères techniques et formels ont du sens. Ainsi, le choix du noir et blanc renforce la qualité intemporelle du sujet contrairement à la couleur qui me semble davantage ‘arrêtée sur un moment’ : les grandes migrations ont toujours existé et existeront toujours.  »

Thomas Chable est lauréat de l’édition 1994 du Prix Jeunes Artistes du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Texte de M. Pierre Henrion

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Thomas Chable, Camion, route Agadez/Dirkou. Niger, 2004