Ce mardi 21 juin, le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles organisait une cérémonie officielle à l'occasion de son cinquantième anniversaire.
Au programme :
- discours officiels de M. Rudy Demotte, président du Parlement et de M. Pierre-Yves Jeholet, Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Vous trouverez le discours du Président ci-après.
- Interludes musicaux par la soprano belge Cécile Scheen, accompagnée par Karim Baggili à la guitare et Mamadou Dramé à la Kora.
- Remise à messieurs Merckx et Geluck de l'ordre de la pléïade, ordre de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie et du dialogue des cultures lors de la cérémonie officielle à l’occasion des 50 ans du Parlement. Ils ont également pu inaugurer les salles de notre assemblée qui portent désormais leurs noms ;
- Inauguration des fresques d'Art urbain réalisées par des artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles à l'occasion de cet anniversaire.
Dans le cadre de son 50e anniversaire le Parlement a souhaité s'ouvrir à la culture urbaine et à l'art urbain. Dès lors, le Parlement a travaillé, sous le commissariat de Michaël Nicolaï de l'asbl Spray Can Arts, avec 9 artistes de renom, issue de la Fédération Wallonie-Bruxelles : Adèle Renault // Blancbec // ELNINO76 // Iota // Jaune // Rébecca Moreau // Atelier Louves // Sozyone // Nean
Ces derniers ont investi les parkings du Parlement. Il en résulte de magnifiques fresques.
À titre d'exemple, celle réalisée par l'artiste Nean est un hommage au peuple ukrainien. Elle a été présentée à M. Ruslan Stefanchuk, Président de la Verkhovna Rada, le parlement ukrainien, lors de sa venue au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le 13 juin 2022.
La culture est l'une des compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Dans ce cadre, le Parlement, en tant qu'institution, soutient la création en Fédération Wallonie-Bruxelles par de nombreuses initiatives (prix Jeunes Artistes, acquisition, intégration et exposition d'œuvres d'art dans nos locaux, ...).La réalisation des fresques d'art urbain entre dans ce cadre. Il était important pour le Parlement de s'ouvrir à ce courant artistique en mettant en avant des talents de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Le simple fait qu'une notre institution parlementaire accueille en son sein ce type d'œuvre est assez inédit. Par ailleurs, il s'agit véritablement d'une volonté de mettre en valeur ce courant artistique et surtout des artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
- Soirée grand public, gratuite et ouverte à toutes et tous, dès 20h30.
La journée s'est terminera par une soirée-concert, ouverte à toutes et tous, avec là encore des artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cela a été l'occasion de fêter les 50 ans de l'institution avec les citoyens, mais également de leur faire découvrir les fresques et leurs auteurs, puisque la soirée s'est déroulée dans les parkings du Parlement.
Au programme, les DJ sets live de : Daddy Cookiz // Favelas Brothers // ToDieFor // AssiaMK.
Retrouvez ci-après le discours du Président Demotte :
Mesdames et Messieurs,
En vos nombreux titres et encore bien plus nombreuses qualités,
C’est avec un vrai plaisir et une certaine émotion que je vous vois réunis en ces murs à l’occasion de ce 50ème anniversaire de notre Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
1971 restera un moment clef de notre histoire institutionnelle.
En effet, l’État central se dessaisit alors des compétences personnalisables pour les confier aux Communautés. C’est une avancée importante pour notre démocratie qui ouvrira par la suite la voie vers notre fédéralisme…
Comme je l’ai évoqué en septembre dernier, à l’occasion de la Fête de la Fédération Wallonie-Bruxelles, notre institution est née au terme des 30 glorieuses, dans la décennie où le développement économique carboné connaissait ses premières crises énergétiques majeures, prémisses de crises économiques combinant à la fois stagnation et inflation, et amenant des politiques d’austérité à répétition.
Elle a traversé ces crises avec un sens de la résiliation aigu.
Ayant pour objectif d’exercer des compétences et un pouvoir n’attenant pas à un territoire, mais ancré sur l’humain et son appartenance culturelle et linguistique, ce principe des plus singuliers pour l’époque, annonciateur d’une hybridation institutionnelle rendait dès l’abord, nos contours des plus étranges à la science politique ! Il n’est d’ailleurs pas rare de devoir expliquer notre fonctionnement institutionnel aux nombreuses délégations qui nous rendent visite. C’est intéressant d’imaginer le rapport qui en est fait par les ambassadeurs lorsqu’ils communiquent auprès de leurs pays respectifs. Ce qui est sûr, c’est que la complexité institutionnelle est le résultat d’arbitrages sur les différences intrinsèques constitutives de notre pays.
Mais cet ovni institutionnel métissé entre territoire et droits personnalisables connait une indigence pécuniaire depuis sa naissance… Il est vrai que notre institution exerce ses compétences sans avoir le droit de gagner ses sous par elle-même. Ce sont les lois qui l’en privent, ces mêmes lois qui lui prêtent des dotations lui conférant, de facto, une image d’éternelle assistée…
Et pourtant !
La culture, l’enseignement, les politiques de jeunesse, toutes ces matières qui sont le levain de nos générations, sont -légitimement- gourmandes en moyens.
Dans ce contexte, toute réforme permettant de répondre à ces besoins, est opportune et il convient de ne pas se méprendre sur les enjeux.
Toutefois, sans se départir de ce matérialisme bien budgétaire, il est impossible de ne pas mettre en garde ceux qui ne voient que par ce prisme. Une réforme doit répondre aux besoins pécuniaires, mais aussi prendre en compte les fonctions essentielles de gouvernance francophone nécessaire à notre articulation harmonieuse entre bruxellois et wallons ayant le partage de cette langue.
Ce qui doit primer sur les égos, fussent-ils institutionnels, c’est de répondre aux attentes citoyennes et aux valeurs de solidarité inter-francophones, singulièrement, lorsque celles-ci engagent le long terme.
Une réflexion, entre francophones, sur ces enjeux est nécessaire. Rappelons que l’enseignement et la culture doivent être examinés sous deux angles distincts. Celui de leur organisation matérielle à proprement parler et celui de leur agencement normatif basé sur le patrimoine immatériel commun de notre langue.
Nous pressentons, abordant ces questions que la Fédération Wallonie-Bruxelles représente bien plus que des compétences: elle porte des valeurs universelles intrinsèques à la langue française, langue de partage, d’ouverture au monde et de respect de la diversité. Cette tolérance nous caractérise et se nourrit de notre capacité à maintenir une vision prospective commune et solidaire.
Notre Communauté n’est donc pas qu’une institution. Ne vous y méprenez pas. Elle est le socle de la solidarité et de l’unité entre les Wallons et les Bruxellois francophones, elle incarne notre fraternité dans la langue et ses valeurs.
A ce titre, il est capital de ne jamais négliger l’approche fédératrice de notre communauté de langue et de culture, en complément et en écho aux autres communautés.
J’ajouterai qu’en ces temps troublés en termes de repères notre Communauté de valeur doit nous réapprendre à répondre ensemble aux défis. Comment, devant les enjeux majeurs du climat et de la biodiversité -en ce compris la survie-même de notre espèce- ne pas mesurer l’ultime importance de l’exercice nos compétences à travers l’école, où la culture dans les valeurs qu’elles véhiculent.
Notre institution doit également participer aux réflexions qui accompagnent les différentes crises qui se répètent. Comment les jeunes comprennent et subissent ces différentes crises ? Elles ont changé nos comportements, leurs comportements, elles rythment nos vies et leurs vies et sont comme un horizon dont on ne voit jamais la fin. Il est donc important que l’on se saisisse de ces questions dans le cadre, par exemple, des cours de philosophie et citoyenneté. Nos jeunes doivent comprendre les enjeux pour les déconstruire, les appréhender pleinement et ainsi les armer pour affronter le futur. Le moment que nous vivons est complexe et les outils de décryptage, plus que jamais indispensables.
Notre orientation résolument jeune est un choix
Notre institution est une maison ouverte aux jeunes. En leur donnant une place privilégiée et en les impliquant dans l’exercice de la démocratie, par le biais du Parlement Jeunesse, du Parlement des Enfants, des visites du Parlement via les salles interactives, la conférence citoyenne sur l’avenir de l’Europe…, elle œuvre à leur fournir les outils nécessaires afin qu’ils deviennent des citoyens critiques et responsables.
Mais c’est aussi un espace ouvert à la culture comme vous pourrez encore vous en rendre compte avec l’art urbain qui s’exprime dans les sous-sols du Parlement ainsi que les concerts que donneront les DJ de notre Fédération ce soir.
Un peu comme la nature - tant qu’on la respecte- sert l’Humanité en de multiples fonctions éco servicielles liées à la biodiversité, la Communauté française remplit des rôles essentiels en matière de démocratie.
Notre institution recèle d’une richesse indémontrable en termes budgétaires , celle de ces valeurs qui ne se monétisent pas, les valeurs qui ne se soldent pas sur l’autel des rationalisations financières, celles qui font notre fierté d’être les modestes héritiers des Diderot, Alembert, Verlaine, Char, Vigneault, Brel, … et tant d’autres.
Oui nous fêtons 50 ans, soit 10 lustres, ce furent des années d’un sempiternel combat pour notre survie où chaque épreuve nous a rendu plus forts dans la conviction d’agir pour de justes motifs qui transcendent nos visions étriquées.
Puissions-nous poursuivre cette œuvre et félicitons nous d’être et de rester les chantres de valeurs fortes et fiers d’être, dans notre singularité de Wallons et de Bruxellois, attachés à notre magnifique communauté de langue.
Vive la Fédération Wallonie-Bruxelles,
Vive le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles !