Ce prix, d’un montant de 10.000 €, récompense l’asbl En-GAJE qui soutient la liberté de la presse, l’un des fondements de l’État de droit, en permettant aux journalistes exilés qu’elle accueille de garder leur identité professionnelle et d’éclairer l’opinion sur les situations qu’ils et elles fuient.
À l’initiative de Jean-François Dumont, ancien secrétaire général adjoint de l’Association des journalistes professionnels (AJP), plusieurs acteurs de la Fédération internationale des Journalistes (FIJ), de l’ULB, de la VUB, de la Ligue des Droits humains, d’Amnesty international BF et du Ciré ainsi que des personnes individuelles ont créé en 2018 l’association En-GAJE (Ensemble – Groupe d’Aide aux Journalistes Exilés). La Fédération européenne des Journalistes (FEJ), l’Association des journalistes professionnels (AJP) et son homologue néerlandophone (VVJ) s’y sont associées.
En-GAJE est une structure d’accueil pour les travailleurs de presse qui ont rejoint la Belgique parce qu’ils ne sont plus en sécurité dans leur pays du fait de leur profession. Cet accueil est ouvert à toutes celles et ceux dont on aura vérifié la réalité de leur profession, qu’ils et elles soient ou non demandeurs d’asile ou réfugié(e)s.
« Il est malheureusement certain que la communauté des journalistes exilés grandira encore, souligne En-GAJE. La liberté d’informer reste fragile et sous étroite surveillance dans plusieurs dizaines de pays. Elle est dramatiquement absente dans une quinzaine d’autres… Ainsi la guerre en Ukraine nous annonce l’arrivée de journalistes russes, eux qui sont désormais passibles de peines de prison s’ils s’écartent des vérités officielles. »
Comme l’a indiqué Rudy Demotte, le Président du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, « avec les réseaux sociaux et leur flux continu d’informations pour la plupart non « sourcées », il devient difficile de démêler le vrai du faux.
Or, quand il n’est plus possible de faire la différence entre ce qui est un fait et ce qui ne l’est pas, la manipulation de l’opinion devient un jeu d’enfant.
Le rôle indispensable tenu par les journalistes prend, à cet égard, toute sa mesure dans la préservation de nos démocraties, celui de nous donner à comprendre, de nous réapprendre la lucidité et ainsi, de nous offrir la liberté d’adhérer ou de nous révolter. »
C’est pourquoi le Parlement est fier de remettre son Prix pour la Démocratie et les Droits de l’Homme 2022 à l’asbl En-GAJE.
Depuis 2015, le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles décerne chaque année un Prix pour la Démocratie et les Droits de l’Homme à l’occasion de la Journée mondiale de la Francophonie (le 20 mars).
Son principal objectif est de valoriser une réalisation spécifique s’inscrivant dans le cadre de l’Organisation Mondiale de la Francophonie et des valeurs qu’elle défend en matière de promotion de la paix, de la démocratie et des droits de l’Homme.
Il s’agit également, pour le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, d’aller plus loin dans son ouverture à la société civile et aux citoyens.
Pour rappel, voici les précédents lauréats du Prix de la Démocratie et des Droits de l’Homme du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles depuis sa création en 2015 :
- 2015 : M. Mukwege, l’homme qui répare les femmes ;
- 2016 : M. Mbonimpa, fondateur de l’Association pour la Protection des Droits humains et des personnes détenues au Burundi ;
- 2017 : Mme Ibn Ziaten, pour son action à travers l’association « Imad pour la Jeunesse et la paix » ;
- 2018 : la Fondation Samilia pour sa lutte contre la traite des êtres humains en Belgique et dans le reste du monde ;
- 2019 : ONG UPR Info pour sa promotion de l’Examen périodique universel ;
- 2020 : le Musée Juif de Belgique pour l’ensemble de son œuvre en faveur du devoir de mémoire et de la promotion des valeurs d’ouverture pour un dialogue interreligieux apaisé et constructif.
- 2021 : l’asbl Music Fund pour son soutien à des écoles de musique et des projets à vocation socio-artistique dans des zones de conflit et des pays en développement, mais aussi en Belgique.
En savoir plus sur le Prix de la Démocratie et des Droits de l’Homme du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles : https://www.pfwb.be/le-parlement-se-presente/les-prix-quil-decerne/le-prix-pour-la-democratie-et-les-droits-de-l2019homme
Créée en décembre 2018, En-GAJE offre aux journalistes en exil une structure d’aide et services, d’insertion et de reconnaissance professionnelle. L’ASBL veut par ailleurs sensibiliser le public belge à la liberté de presse, et modifier le regard souvent biaisé sur les migrants.
Aide et services. L’association répond aux besoins personnels des journalistes exilés : démarches administratives, possibilités de formations professionnelles, insertion dans un cursus universitaire, recherche d’un logement adéquat, élaboration du dossier des demandeurs d’asile. En-GAJE organise depuis septembre 2021 des cours de français « langue étrangère ».
Insertion et reconnaissance professionnelle. Il s'agit de permettre aux journalistes exilés de conserver leur identité professionnelle en continuant à exercer leur métier: recherche de collaborations dans les médias ; lancement, le 29 mars 2022, d'un média en ligne, « LATITUDES » ; invitation à des rencontres-témoignages ; interventions dans la formation des journalistes en Belgique. Un site web (avec répertoire de journalistes exilés - www.engaje.be/repertoire), une newsletter et les réseaux sociaux contribuent aussi à briser les solitudes et à nouer des contacts professionnels et personnels.
Sensibilisation du public belge aux libertés de presse et d'expression à partir du parcours de ces journalistes et de leur expérience de l'exil : exposition « Journalistes en exil » (photos et textes), rencontres-témoignages, vidéos, ...
L’ASBL compte à ce jour parmi ses membres 70 journalistes exilés, issus de 22 pays et territoires différents. Les Burundais, les Palestiniens et les Kurdes de Turquie constituent les trois principaux groupes.
Les six co-fondateurs d’En-GAJE sont Anthony Bellanger (Secrétaire général de la FIJ), Claire Chevrier, ancienne coordinatrice de campagne - Belgique/France/Luxembourg chez Migration Policy Group, Jean-François Dumont, ancien Secrétaire général adjoint de l’Association des journalistes professionnels (AJP), Florence Le Cam (professeure en journalisme, ULB), André Linard, fondateur de l’Agence InfoSud Belgique et ancien Secrétaire général du Conseil de déontologie journalistique (CDJ) et Martine Vandemeulebroucke, journaliste indépendante, spécialiste des questions de migrations.
Les membres institutionnels de l’association sont la FIJ, la FEJ, l’AJP, la VVJ, la LDH, Amnesty International/F, le CIRE, l’ULB, la VUB et la Maison des Journalistes (Paris).